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L’Université York, une tradition familiale pour huit frères et sœurs originaires du Congo

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Ashley Goodfellow Craig

Homme d’affaires et ancien politicien congolais, Eugène Serufuli souhaitait que tous ses enfants fassent leurs études à l’étranger, qu’ils habitent ensemble et qu’ils veillent les uns sur les autres tout en obtenant le diplôme universitaire qui leur permettrait de prendre un bon départ dans la vie.

Depuis 2018, huit de ses neuf enfants ont parcouru les 10 000 kilomètres qui séparent la République démocratique du Congo et le Canada afin d’étudier à l’Université York. Trois d’entre eux obtiendront leur diplôme ce printemps au Collège Glendon. Les deux aînées ont déjà obtenu leur diplôme et trois autres frères et sÅ“urs sont à mi-chemin de leur parcours d’études.

« Mon père a toujours voulu que nous soyons réunis dans un même lieu, une même université, une même maison, afin de vivre ensemble, de nous entraider et de veiller les uns sur les autres », explique Jean-Luc Serufuli, 25 ans, qui obtiendra son diplôme le 12 juin avec son frère Salomon, 24 ans, et sa sÅ“ur Diane, 30 ans. Tous trois obtiendront un diplôme en sciences politiques.

Après que le premier membre de la fratrie Serufuli a fréquenté une autre université ontarienne, étudier à York est devenu une tradition familiale. Ce sont les filles aînées, Isabelle et Florine, qui se sont inscrites les premières à la Faculté d’arts libéraux et d’études professionnelles du campus Keele. Florine a obtenu un diplôme d’économie en 2018 et Isabelle un diplôme en informatique en 2024.

Leurs autres frères et sœurs, dont Diane et sa sœur jumelle Nadia, ont choisi le Collège Glendon de l’Université York. Comme ils parlaient couramment le swahili et le français, l’idée d’étudier en français tout en développant leur maîtrise de l’anglais leur a plu. Ils se sont orientés vers des cours d’économie et commerce et de sciences politiques susceptibles de les préparer à une carrière dans leur pays d’origine ou au Canada. Ils ont aimé l’environnement intime du campus Glendon et son cadre pittoresque à proximité du centre-ville animé de Toronto.

Jean-Luc a tenté de renier la tradition et de tracer sa voie ailleurs.

« Je suppose que je voulais faire cavalier seul, dit-il en riant. Mon père a dit non. C’est alors que j’ai eu l’appendicite. À l’hôpital, mon père m’a dit : tu vois? Imagine que quelque chose de semblable se produise alors que tu es seul. Tu comprends pourquoi tu dois rester avec tes frères et sÅ“urs? Et j’ai compris. »

Aujourd’hui, sept enfants Serufuli partagent une maison hors campus. Ils ont toujours vécu ensemble et affirment que le fait de venir au Canada et de fréquenter la même université les a rapprochés.

Quand on était plus jeunes, on avait l’impression que tout le monde avait huit frères et sÅ“urs - on pensait que c’était normal, dit Salomon. C’est tellement agréable de rentrer à la maison le soir : on a huit histoires différentes à écouter et peut-être plus si on compte nos parents.

Salomon et Jean-Luc affirment que leur père n’aurait pas pu les pousser à prendre une meilleure décision.

« Glendon possède toutes les ressources et tous les programmes pour favoriser la réussite, dit Jean-Luc. J’ai pris la bonne décision en venant étudier ici. »

Les trois frères et sœurs réfléchissent à la suite de leur parcours, au secteur d’activités et à la région où ils veulent faire carrière.

L’une de leurs options est de travailler dans les entreprises que leurs parents gèrent depuis leur maison de Kinshasa, la capitale du Congo. Ces entreprises familiales s’occupent d’immobilier, d’agriculture et d’exploitation pétrolière.

Mais une chose est sûre : si les trois décident de rentrer chez eux, ils continueront à vivre comme une grande famille, du moins à court terme.

« Comme toujours, mon père n’aime pas que nous soyons séparés, dit Jean-Luc. La tradition veut que nous vivions tous ensemble jusqu’à notre mariage. Si on ne se marie pas, on ne déménage pas. Nous allons donc nous serrer les coudes jusqu’à ce que nous trouvions l’âme sœur. »